Rio de Janeiro, de notre correspondant.
Le Brésil vit dans la crainte de la contagion d'une grave crise argentine. Les péripéties de Buenos Aires, qui a dû adopter la semaine dernière un plan d'urgence pour sauver la parité du peso avec le dollar et éviter la cessation de paiement, font la une de la presse brésilienne, souvent impitoyable avec le pays voisin. Ainsi, pour l'hebdomadaire Veja (1,1 million d'exemplaires), «le traitement de choc de Cavallo a l'effet d'un médicament placebo administré à un patient en phase terminale». Les autres médias parlent de «pays en faillite», de la «fin d'une illusion qui a seulement servi à élire deux présidents» (l'hebdomadaire Isto ...).
Cette vision catastrophe se reflète au marché noir, où le peso argentin, toujours officiellement en parité avec le dollar, a déjà perdu 18 % de sa valeur chez les changeurs de Rio. Depuis dix jours, l'«effet tango» (l'impact de la crise argentine sur le Brésil) fait chuter le réal à chaque séance boursière. Vendredi, le billet vert a atteint 2,59 reais, son record historique. La banque centrale vend pourtant des dollars tous les jours pour contenir la spéculation. Mais rien n'y fait.
La semaine passée, Arminio Fraga, le président de la banque centrale brésilienne, s'est rendu à New York pour tenter de convaincre les investisseurs que São Paulo n'est pas Buenos Aires. Un tel voyage est devenu un rituel: il se répète à chaque crise, depuis celle du Mexique en 1995, de l'Asie en 1997 et de la Russie en 1998.