Avec Alan Greenspan, il faut avoir le coeur bien accroché. Ceux qui espéraient un retour rapide de la croissance américaine ont été douchés, hier, par le président de la Réserve fédérale. «Les incertitudes quant à la situation économique actuelle sont considérables, a reconnu Greenspan devant le Congrès. Et, jusqu'à ce que l'on voie davantage de signes concrets de réajustements des stocks et des dépenses d'investissement, les risques semblent pencher vers davantage de faiblesse de l'activité.»
Les projections de la Banque centrale des Etats-Unis ont encore été revues à la baisse. Alors que la Fed prévoyait en février une croissance du PIB américain de 2 à 2,5 % pour 2001, elle vient de publier une nouvelle fourchette: au mieux, l'activité devrait croître de 1,5 % à 2 %. Le chômage, qui pourrait toucher 5 % de la population active des Etats-Unis en fin d'année, fait aussi redouter une diminution de la consommation des Américains, malgré les baisses d'impôts annoncées par l'administration Bush.
Le langage, vrai mais brutal, du vieux Greenspan il est en place depuis le début des années 90 a son avantage. Le président a annoncé que la Fed ferait son devoir pour soutenir l'activité. «Et si cette situation devait persister, il faudrait alors assouplir davantage la politique monétaire», a-t-il annoncé. Ce qui signifie que la Fed pourrait très bien baisser à nouveau le loyer de l'argent. Elle l'a déjà fait à six reprises depuis janvier, ramenant le taux d'intérêt à court terme à 3