Moussey (Moselle), envoyée spéciale.
«Je vous souhaite les congés les meilleurs qui soient. Aucune mesure irréversible ne sera prise pendant cette période.» Devant les 875 salariés de l'usine Bata de Moussey-Hellocourt, en cessation de paiement depuis le 9 juillet, Pierre Bayle, l'un des administrateurs judiciaires, fait ce qu'il peut pour tenter de les rassurer. Aujourd'hui à 13 heures, l'usine ferme pour un mois de vacances, et le personnel de l'entreprise n'a aucune réponse aux questions qu'il se pose chaque jour depuis plus d'un mois et demi. Combien y aura-t-il de licenciements? Qui sera licencié? Une partie de l'usine peut-elle être sauvée? Le site est-il condamné selon les plans de la direction de Bata qui a, pendant un an et demi, préparé son désengagement dans le plus grand secret? Des clients (Charles Jourdan, Mephisto et quelques autres) ont déjà annulé les commandes de 61 000 paires de chaussures. Seules, trois semaines de travail sont assurées pour la rentrée.
Trahis. «Il n'y aura aucune mesure de licenciement prise pendant les congés payés», répète Pierre Bayle. Dans la foule, on entend les sceptiques: «Ouais, les lettres arriveront le jour de la reprise.» L'administrateur poursuit: «Les décisions seront prises à la rentrée. Pas avant la fin septembre.» Il insiste: «Faites-nous confiance. Nous sommes des mandataires de justice. Nous ne sommes pas à la solde de l'actionnaire principal.» Les salariés se taisent. Faire confiance? La plupart ont longtemps cru que jam