Les plus grandes ambitions achoppent quelquefois sur les réalités les plus prosaïques; c'est ce qui est arrivé dans la nuit de mercredi à jeudi à la négociation sur la formation professionnelle entre les patrons et les confédérations syndicales, qui devait voir la naissance de la «formation tout au long de la vie». Des deux côtés, on annonçait une «avancée décisive» pour ce chantier prometteur de la refondation sociale. Denis Kessler proclamait: «Ce texte intéresse les 15 millions de salariés, nous ne pouvons pas échouer.» Et on laissait espérer que toutes les organisations syndicales pourraient approuver le texte, CGT comprise. Las, au bout des quinze heures de discussion, Francis Mer, PDG d'Usinor et négociateur du Medef, déclarait, très diplomatiquement: «Il y a eu une certaine incompréhension sur ce qui était possible, au-delà de ce que nous souhaitions.»
Coût. C'est que la formation coûte cher. Et les employeurs rechignent à abonder le «compte épargne formation» que chaque salarié alimenterait avec des jours de congés, de RTT, des récupérations et autres. En plus, les employeurs ont voulu imposer une clé de répartition pour les actions de formation équivalant à 25 % pour les entreprises, 75 % pour les salariés. A peu près l'inverse de ce qui se pratique actuellement.
Les «petits» patrons se sont visiblement accrochés avec les «gros», davantage enclins à se montrer généreux et à saisir la perche tendue par les syndicats, qui demandaient un partage «50-50» salariés-patrons.