Cela faisait plusieurs mois que le feu couvait entre les deux hommes. Mais c'est maintenant officiel. Jean Peyrelevade et Laurent Fabius s'opposent ouvertement sur l'avenir du Crédit Lyonnais. Le président de la banque est entré en campagne contre le ministre de l'Economie et sa volonté de vendre au Crédit agricole la part de 10 % que l'Etat détient dans le Lyonnais d'ici à la fin de l'année. Dès qu'il le peut, Peyrelevade déverse toute sa bile contre Fabius. Il s'est même rendu à Matignon, au cabinet de Jospin, pour leur conseiller de «tenir leur ministère des Finances». «Cela va être la guerre si le gouvernement veut céder ses 10 %», confiait-il récemment à un de ses visiteurs.
Déclencheur du courroux de Peyrelevade: le choix, début juillet, par la direction du Trésor, d'une banque pour le conseiller dans cette opération. Il s'agit de Merrill Lynch, la banque d'affaires américaine, chargée de «regarder les différentes options stratégiques possibles» concernant cette participation. Du côté de Merrill Lynch, on explique que le mandat n'est pas limité dans le temps. Mais le Lyonnais a parfaitement compris le message: si l'Etat se dote maintenant d'une banque conseil, c'est qu'il veut rapidement trancher la question de ses 10 %. Et, ce n'est un secret pour personne, Laurent Fabius rêve d'adosser le Lyonnais au Crédit agricole, qui possède déjà 9,6 % de l'établissement du boulevard des Italiens. En additionnant les deux participations, la banque verte se retrouverait en position