Longtemps, Jeff Bezos a utilisé une panoplie de petit chimiste. Tous les trois mois, le patron d'Amazon, premier distributeur mondial sur l'Internet, la ressortait devant ses actionnaires. De la main gauche, il prenait les pertes de la compagnie. Il versait dessus un discours à l'alambic d'où il ressortait que les déficits du jour étaient la promesse de bénéfices futurs. A l'arrivée, Jeff Bezos obtenait une nouvelle hausse du cours de l'action Amazon.
Déprime. Un jour, Jeff Bezos a perdu sa panoplie. Les pertes ont continué de s'accumuler, mais l'action s'est mise à chuter. Même lorsque, lundi soir, l'entreprise annonce un accord financier, commercial et technologique avec AOL Time Warner, le numéro un mondial de l'Internet toutes catégories: investissement de 100 millions de dollars (114,4 millions d'euros) de la part de ce dernier, échanges publicitaires, utilisation par AOL des fonctionnalités de recherche développées par Amazon... Dans le même temps, le commerçant électronique annonçait une diminution de moitié de ses pertes (168 millions de dollars 192 millions d'euros) pour le deuxième trimestre 2001 par rapport à l'année précédente.
Mais ce qui rendait jadis les marchés boursiers euphoriques contribue aujourd'hui à les déprimer. Hier, l'action Amazon dévissait : -15 % d'un seul coup en début de séance. La veille, elle avait déjà abandonné 5,6 %. Les investisseurs ne retiennent plus que les mauvaises nouvelles. Celle d'une prévision de chiffre d'affaires revue à la bai