Berlin de notre correspondante
Les premiers courageux ont commencé à s'y risquer dès hier: «Les Brötchen (les petits pains, élément de base du petit-déjeuner allemand, ndlr), si j'en prends quatre, vous m'en donnez un gratuit?» «Et ces lunettes de soleil, vous me les faites à moins 10 %?» Les Allemands découvraient hier le marchandage et semblaient vouloir s'y adonner avec toute la passion qu'ils ont souvent pour les moeurs du Sud et pour les prix bas. Une loi de 1933 limitait jusqu'alors les cadeaux et rabais à 3 % des prix affichés. Le régime nazi, très réglementariste, avait ainsi voulu protéger les consommateurs des «prix trompeurs» et domestiquer la concurrence. Le gouvernement Schröder, bien plus favorable au libre marché, l'a supprimée.
«Cette loi de 1933 était un anachronisme en Europe, explique la porte-parole du ministère de l'Economie, Regina Wierig. Les gouvernements précédents avaient déjà tenté de la supprimer, mais s'étaient heurtés aux résistances des lobbies de la distribution. Cette fois, la directive européenne sur le commerce électronique nous a poussés à franchir le pas.» En vertu de cette directive, basée sur le droit du pays d'origine, un vendeur français pouvait offrir des rabais à ses clients allemands, tandis que son concurrent allemand n'en avait pas le droit. «Il fallait rétablir une concurrence équitable», explique Regina Wierig.
Habitués depuis 70 ans à se fier bravement aux étiquettes, les Allemands semblent devoir affronter là une révolution cul