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Libération

«Si les CRS entrent dans l'usine, on détruit le stock»

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publié le 27 juillet 2001 à 0h11

Lille de notre correspondante

On dirait un arrêt sur image. Les bobines sont encore dans les machines, les ballots de mèches d'acrylique dans les cardes, les chariots pleins et le stock au chaud dans les cartons. Figée dans le silence, l'usine de fil à tisser Mossley-Badin semble prête à repartir. Elle ne repartira pas. Damart, son principal client, a arrêté toutes les commandes. Mais plus d'un mois après la liquidation judiciaire, ceux qui l'ont fait tourner sont presque tous encore là. La majorité des 123 ex-salariés continue d'occuper la vieille filature d'Hellemmes, près de Lille. Jour et nuit, comme avant, ils font les trois-huit. Pour quoi faire? Pour veiller sur un trésor de guerre: 700 tonnes de stock de fil technique invendu, des montagnes de cartons scellés que la direction comptait écouler en solde. Les salariés estiment sa valeur à 20 millions de francs (3 millions d'euros). «Avec la moitié, on peut faire un excellent plan social», affirme le meneur du mouvement, Daniel Steyaert, délégué CGT, «Dany le Rouge» pour les forces de l'ordre.

Coup de massue. Les salariés de l'ancienne filature réclament 300 000 francs d'indemnités de départ chacun (45 000 euros). Pour l'instant, le liquidateur leur accorde 18 000 francs (2 700 euros)... après vingt ans de maison en moyenne. Depuis leur usine, désertée par la direction, les salariés réclament une table ronde avec le principal actionnaire, Dominique Meillassoux, patron du groupe Mossley-Badin, qui reste désespérément muet.