Jusqu'à hier, Jean-Charles Corbet, pilote d'Air France, délégué du SNPL (Syndicat national des pilotes de ligne), était connu dans le monde du transport aérien pour une «croisade» et un «miracle». Une croisade pour la grève des pilotes qu'il a emmenée pendant dix jours en 1998, à la veille de la Coupe du monde de football. Et un miracle pour l'accord qu'il a initié à la fin de ce conflit, en faisant procéder à un échange d'actions contre baisse de salaire sur un modèle inédit en France. Corbet en est sorti auréolé de la présidence desdits fonds Concorde de gestion de l'actionnariat salarié.
Actionnariat salarié. Il faut désormais ajouter au palmarès de ce commandant de bord à moustaches de 49 ans sa contribution au sauvetage d'AOM-Air Liberté, qui n'est pas sans rappeler son premier fait d'arme. Son projet, dit Holco, prévoit un actionnariat salarié à hauteur de 34 %. AOM Air Liberté sera détenu par les investisseurs à hauteur de 51 %, le reste revenant au management et donc au personnel. C'est ce plan qui a été retenu par les cinq juges consulaires du tribunal de Créteil, au lieu de celui de Marc Rochet, ex-patron honni, que suivait l'ombre du fossoyeur social et qu'accompagnaient les embarrassantes faveurs de Swissair.
Corbet, pourtant, n'est pas vraiment ce qu'on peut appeler un syndicaliste social. Plus que Robin des bois, cet ancien pilote d'Air Gabon, baroudeur quatre ans et demi en Afrique avant de signer chez Air France en 1982, est plutôt le chevalier servant des pilo