C'est un paradoxe que les contempteurs de la déréglementation ne manqueront pas de souligner. La survie d'AOM-Air Liberté, promis il y a encore quelques années au destin de concurrent de l'hégémonique Air France, passera par une entente étroite avec la compagnie historique. En fait, selon plusieurs sources, la signature d'un contrat de trois ans avec la compagnie était même la condition sine qua non de la recevabilité du projet Corbet comme de celui de ses deux principaux challangers.
Complémentarité. Cet accord prévoit le partage du code sharing sur les vols longs courriers (vers les DOM TOM), l'entretien des Airbus d'AOM-AL par Air France et probablement une recherche maximale de complémentarité sur les fréquences et liaisons des deux compagnies. «Tous les business plans des repreneurs ont été faits par les équipes d'Air France», note un membre du CE d'AOM-Air Liberté. Par exemple, l'abandon par tous les repreneurs de la destination de Cayenne. «C'est un non- sens, mais voilà, dit le même observateur, Air France a décidé de mettre un 747 sur la liaison. Alors on ne marche pas sur les plates-bandes.»
Marc Rochet l'avait compris. Son plan de restructuration d'AOM-Air Liberté, deux mois avant le dépôt de bilan, se basait déjà sur le principe de «non-agression vis-à-vis d'Air France». C'est effectivement plus prudent. Outre l'incurie de ses dirigeants successifs, le deuxième pôle aérien a dû affronter la concurrence impitoyable de la compagnie nationale. «L'erreur des dirigeants