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Libération

Ottawa fait barrage à la vente de son eau

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En butte à une pénurie, les Etats-Unis veulent forcer l'accord de libre-échange.
publié le 30 juillet 2001 à 0h12

Montréal, de notre correspondante.

Après le pétrole et le gaz naturel, c'est désormais l'or bleu du Canada que les Américains convoitent. L'appétit de George W. Bush envers son voisin du nord paraît insatiable. Certes, les visées du président des Etats-Unis sur la manne hydrographique canadienne n'étaient pas inconnues. Mais pour la première fois, il y a quelques jours, George W. Bush a publiquement fait part de son intention d'importer (en la payant) l'eau douce du Canada pour pallier la pénurie sans précédent qui touche de nombreux Etats américains, notamment du Sud-Ouest.

Au Canada, la réaction a été immédiate. Les groupes environnementalistes ont dénoncé le risque écologique, vu le niveau déjà extrêmement bas des grands lacs et du fleuve Saint-Laurent. Les citoyens, eux, semblent douter de la capacité de leur gouvernement à résister à la pression américaine. D'un point de vue législatif, la situation est plutôt nébuleuse. Officiellement, Ottawa est hostile à toute exportation massive d'eau douce, et le Premier ministre affirme l'avoir exclue de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Pourtant, plusieurs observateurs font une lecture différente du traité. «L'eau, sous toutes ses formes, y compris la glace et la neige, apparaît sur la liste des matières premières, au même titre que le pétrole», insiste Mel Clark, un des anciens négociateurs de l'accord commercial.

Controverse. La divergence d'interprétation est radicale, et le statut de l'eau matière à controverse.