Les cyclistes ont l'EPO. De plus en plus de salariés ont la cigarette, l'alcool, la drogue et les vitamines pour aller au bout des journées de travail. Le dernier numéro de Santé et Travail, revue de la Mutualité française (1), dépeint ce monde du travail addictif. Qui touche les cadres, comme les ouvriers du bâtiment, ou les fonctionnaires au contact de public en détresse. Le dopage, dans son acception la plus large, semble toucher toutes les catégories de salariés. La course à la performance dans les entreprises, les effectifs de plus en plus serrés, les délais raccourcis par les 35 heures, la concurrence exacerbée entre collègues expliquent sa recrudescence. Un dopage qui commence par la consommation d'alcool et de tabac, des substances légales permettant de tenir le coup.
Stéphanie, qui travaille en usine, est adepte de la cigarette qui calme. «On nous demande des rendements démentiels, on n'a jamais le temps de souffler, alors à la pause, tout le monde fume en essayant de prendre son temps. On a l'impression de résister un peu comme ça.» Elle raconte ses collègues qui tournent à la vitamine C pour réussir à se lever le matin. «Les femmes qui ont des enfants et qui travaillent de nuit vont souvent voir leur médecin pour avoir des remontants. Parce qu'au bout de trois mois de boulot décalé ajouté à une journée de mère de famille normale, elles sont à bout, physiquement, et ont le moral à zéro.» Les plus faibles abandonnent. D'autres tiennent le coup, aidées par les stimula