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Libération

L'enchaîné fait monter la pression

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Licencié pour «cause de maladie», l'employé de Kronenbourg reçoit le soutien de la CGT.
publié le 15 août 2001 à 0h24

Mardi matin. Hyacinthe Lepetit vient de passer sa première nuit devant la brasserie Kronenbourg de Champigneulles (Meurthe-et-Moselle), attaché par une chaîne cadenassée à un pilier en béton. Sur un carton, écrit au feutre noir, l'explication: «licencié pour cause de maladie». A côté de cet homme de 44 ans, la cabane du gardien. Derrière lui, les bâtiments ornés d'une Marianne flanquée de médaillons barbus. Un matelas et un sac de couchage amenés par son épouse, Astrid, 33 ans, restée à ses côtés jusqu'à 2h du matin. «Je me détache quelques minutes pour me changer, explique-t-il. Je ne me lave plus, ne me rase plus. La direction de Kronenbourg ne veut même pas que j'utilise ses toilettes.»

Remous. Midi arrive. Ses collègues, qui font les 3x8, passent à côté de lui. Certains prennent de ses nouvelles. «Je n'ai pas dormi de la nuit. Je n'étais pas effrayé d'être ici, j'étais inquiet pour mon avenir. Au petit matin, j'ai été saisi par le froid.» D'autres feignent l'indifférence. Hyacinthe ne fait pas l'unanimité, «surtout parmi les responsables CFDT et les cadres». «Certains pensent qu'il l'a bien cherché», dit Francis Ruinier, délégué CGT soutenant Hyacinthe. Ce dernier a en effet suscité quelques remous au sein de l'entreprise. «Successivement délégué du personnel, élu au comité d'entreprise, puis au comité pour l'hygiène, la sécurité et les conditions de travail, il m'est arrivé d'arrêter un groupe de production pour une machine mal réglée. Quant à savoir si cela a précipité