Après avoir grimpé de 40 % depuis 1995, le dollar peut-il «chuter brutalement»? C'est la crainte du conseil d'administration du Fond monétaire international (FMI) qui, dans sa note annuelle sur l'économie américaine publiée hier, constate la faiblesse de l'économie et juge le déficit de la balance courante du pays «intenable à plus long terme». Le FMI s'avoue incapable à ce stade de prévoir si l'économie peut rebondir ou non au second semestre. «Cela dépendra notamment de la façon dont évolue la confiance des consommateurs et des industriels, et du maintien d'une croissance rapide de la productivité sous-jacente constatée pendant la deuxième moitié des années 1990», écrit le Fond, qui n'exclut pas une stagnation globale: «Compte tenu de l'importance de l'économie américaine dans le monde, toute prolongation de la faiblesse [de la croissance, ndlr] aurait des répercussions ailleurs.»
Les marchés des changes ont aussitôt réagi, faisant baisser le dollar à son niveau le plus bas depuis trois mois et demi face à un euro qui, pour la première fois depuis le 15 mars, passait le seuil de 0,90. Pour autant, les spécialistes des changes ne semblent pas convaincus de la fatalité d'un recul du dollar. «Si le déficit de la balance courante n'a pas affecté le dollar jusque-là, c'est parce que la hausse de la productivité a attiré les capitaux vers Etats-Unis: ce sont ces capitaux qui ont financé le déficit courant», explique Alex Beuzelin, spécialiste des changes chez Ruesch International