Lille de notre correspondante
Il neige bleu devant le tribunal de grande instance de Lille. La balle de mèches d'acrylique n'a pas résisté longtemps aux assauts des Mossley, vendredi matin. Cadeau souvenir au procureur de la République de la part des salariés de la dernière filature de Lille, mise en liquidation judiciaire le 22 juin: une moelleuse moquette bleu fluo et des dizaines de bobines de fil à tisser rose, jaune, blanc.
Les Mossley ne sortent jamais sans laisser quelques traces de leur passage. Deux jours plus tôt, près de Roubaix, ils avaient enseveli sous des kilos d'acrylique blanche le siège de Damart, ex-principal client de l'entreprise qui a brusquement retiré ses billes et provoqué la faillite. Ils avaient enneigé le même jour le domicile du directeur du site, à Fleurbaix, près de Lille.
Ailleurs. Sorties toujours bruyantes, histoire de se rappeler régulièrement au bon souvenir des pouvoirs publics. Mais la véritable pression ils l'exercent ailleurs. Depuis plus de deux mois, les 123 Mossley occupent leur ancienne usine, jour et nuit, pour veiller sur ce qu'ils appellent leur «trésor de guerre»: 700 tonnes de fil à tisser acrylique emballé dans des cartons, prêts pour la livraison; l'équivalent de 20 millions de francs (3 millions d'euros). «On a les moyens de le détruire en quelques minutes. Pas nécessairement par le feu. Une bobine mouillée ne vaut plus rien», sourit Daniel Steyaert, le leader du mouvement. Les Mossley comptent dessus pour obtenir le «vrai pla