Lyon envoyé spécial

Le monopole d'EDF en France était déjà bien ébréché. Avec le coup pris hier, il semble définitivement enterré. Le deuxième électricien français, la Compagnie nationale du Rhône (CNR), sort de l'orbite d'EDF pour s'allier avec le groupe Suez. Cette prise d'indépendance a été officialisée hier à Lyon par Gérard Mestrallet, le président de Suez, Willy Bosmans, patron d'Electrabel (filiale électricité de Suez), et Michel Margnes, président de la CNR. Elle passe par la création d'une société intitulée Energie du Rhône, au capital de départ de 6 millions d'euros (40 millions de francs), contrôlée à 49 % par Electrabel et 51 % par la CNR. Composée aujourd'hui de seulement 22 personnes, la société ne devrait réaliser un chiffre d'affaires que de quelques millions de francs. Energie du Rhône se contentera en effet de commercialiser l'électricité produite par la CNR ­ et éventuellement Electrabel ­ et ne gagnera d'argent que sur les commissions versées pour chaque contrat réalisé. Mais, en fait, le volume d'activité généré sera très important. Avec ses dix-huit barrages au fil de l'eau sur le Rhône, la CNR dispose de 3 000 mégawatts de capacité. Soit 3 % de la production française d'électricité.

Le montage semble bancal. Il traduit les pressions qui ont pesé sur le dossier (lire ci-contre) mais aussi l'identité même de la CNR. Société anonyme d'intérêt général, la compagnie a pour principale mission l'aménagement du Rhône: elle gère les écluses et s'occupe des terres