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Libération

Une prise de contrôle téléguidée par l'Etat

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Depuis 1999, le gouvernement a soutenu l'entrée de Suez dans la CNR.
publié le 29 août 2001 à 0h30

La manière dont Suez s'est approprié la rente électrique du Rhône rappellera à certains le bon vieux temps de l'économie mixte où l'Etat estimait n'avoir de comptes à rendre à personne. Aucun appel d'offres n'a été émis, les interventions politiques se sont multipliées au plus haut niveau, un président a dû démissionner pour avoir suivi la politique qu'il lui était demandé de mener, et le personnel, qui s'est mis plusieurs fois en grève, s'est à chaque fois retrouvé devant le fait accompli. Gérard Mestrallet, le président de Suez, avait été beaucoup critiqué ces derniers mois pour son incapacité à mener des deals financiers. Il a été notamment humilié publiquement par le patron d'Air liquide, qui a refusé son offre de fusion. Mais quand il s'agit de se mouvoir dans le marigot des cabinets politiques, l'ancien conseiller technique de Jacques Delors est plus à son aise. Retour sur une prise de contrôle qui a coûté beaucoup d'efforts au patron de Suez mais qui peut lui rapporter gros.

Ouverture du marché. La Compagnie nationale du Rhône (CNR) devient une cible à partir de 1999, quand le gouvernement veut transformer la compagnie en producteur indépendant d'électricité. Une décision prise pour contenter Bruxelles, qui réclame une ouverture du marché français de l'électricité. Pour un géant de l'électricité comme Suez, la France est un territoire prioritaire s'il veut se développer en Europe. Et, dès l'ouverture du dossier, Gérard Mestrallet réussit à imposer ses vues au gouvernem