Lannion envoyée spéciale
C'était en mars. «Spirale gagnante pour la Trégor Valley», titrait Le Trégor, le journal de Lannion (Côtes-d'Armor). Cinq mois plus tard, ce serait plutôt «spirale infernale». La crise des télécoms, celle du secteur optique en particulier, s'est abattue brutalement sur Pégase, la zone industrielle de Lannion. Ce qui apparaissait il y a quelques mois encore comme la chance de la région l'hyperspécialisation dans les télécoms est vécu aujourd'hui comme une calamité. La brutalité du retournement laisse les salariés mais aussi les patrons pantois. Sandrine Dru, déléguée CFDT chez Highwave, une firme spécialisée dans les composants optiques, raconte: «En mars, on travaillait à quinze dans une petite pièce pas plus de 15 mètres carrés! , il n'y avait pas de poste de travail pour tout le monde. Mais il fallait bomber. On n'arrivait pas à suivre les commandes!» Début avril, elle emménage avec ses collègues dans un bâtiment tout neuf, 6500 mètres carrés à quelques centaines de mètres de son atelier. «C'était tellement urgent qu'on a commencé à travailler dans des salles blanches (ateliers protégés contre les poussières, ndlr) pas complètement finies.» Un mois plus tard, la direction annonce les premières mesures de chômage partiel. «C'est simple, dit-elle, je n'ai pas touché une fibre depuis la fin du mois d'avril.»
Highwave est emblématique de la sauvagerie du retournement. Créée par Eric Delevacque et Sylvain Boj, deux chercheurs du Cnet (Centre nation