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Libération

A la pêche aux infirmières. Il en manque environ 20 000 en France, 8 000 recherchent un emploi en Espagne...

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publié le 3 septembre 2001 à 0h42

C'est sans aucun doute le paradoxe de cette rentrée: à l'heure où le chômage regagne du terrain, on cherche environ 20 000 infirmières. Rien d'imprévisible à cela: les projections démographiques existaient depuis de longues années. Mais les ministres successifs, jusque et y compris Martine Aubry, ont refusé d'anticiper le problème en ouvrant largement les portes des écoles d'infirmières. Ils ont été freinés par le corporatisme de certaines professions de santé libérales pour lesquelles le numerus clausus a toujours été le moyen d'éviter une concurrence trop forte. Résultat immédiat de cette politique malthusienne: le passage aux 35 heures attendra trois ans dans de nombreux services hospitaliers, puisqu'il faut entre trois et cinq ans pour former une infirmière, selon sa spécialité. Tension assurée derrière les stéthoscopes!

On pourrait penser qu'il ne s'agit que d'une mauvaise période à passer. Ce serait ignorer que, d'ici à neuf ans, 40 % des infirmières partiront en retraite. La France a, en fait, son premier vrai rendez-vous avec le grand retournement démographique, celui qui va voir partir les baby-boomers. La population des 25-54 ans, le vrai réservoir de la population active, a commencé à diminuer. Le mouvement s'accentuera probablement après 2010. Face à ce défi, les réponses, immigration espagnole ou retour des anciennes, semblent presque dérisoires. La première parce que le réservoir de main-d'oeuvre est trop étroit pour fournir un marché de l'emploi non pas hexagon