Le 25 août 1991, un étudiant finlandais en informatique envoie un message sur l'Internet. Il annonce la création d'un système d'exploitation pour micro-ordinateur. «Juste un hobby, ça ne sera ni important ni professionnel», prévient-il. Dix ans plus tard, les prévisions de Linus Torvalds sont démenties. Peaufiné par des milliers de programmeurs bénévoles à travers le monde, Linux se répand dans les entreprises. Microsoft s'en inquiète. Et, comme pour fêter ses dix ans, le logiciel aux origines libertaires se fait une place dans les entrailles de la Bourse de New York: le 28 août, IBM a annoncé son adoption pour le suivi des ordres d'achat et de vente. Une activité qui ne peut «absolument pas tolérer de panne» et bénéficiera de «l'efficacité de Linux», précise le géant de l'informatique qui a investi 1 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros) sur Linux pour l'année en cours.
Un outil collectif
Drôle d'histoire que celle de ce logiciel associant réussite technique et idéaux politiques, qui s'est taillé, en 2000, 27 % du marché des serveurs d'entreprises (ordinateurs stockant des données ou des sites web), selon les estimations du cabinet IDC, derrière Microsoft (41 %).
A l'origine, il ne s'agit pas seulement de fournir un programme bon marché et efficace. L'ambition est de forger un outil collectif dont chacun pourrait profiter librement, que chacun pourrait modifier à loisir. «En 1984, il était impossible d'utiliser un ordinateur et d'avoir ces libertés, se souvient l'Américain Richard Stallman