Dans les régions agricoles, été rime souvent avec bosser. Chez Cadram à Marmande, la tomate se travaille de mars à octobre. A Villeneuve-sur-Lot, la conserverie de haricots verts du groupe Bonduelle fonctionne 100 jours par an, à cheval sur juillet et août. Témoignages croisés de privés de vacances.
Martine. «La tomate me mange mes étés depuis dix ans. Moi qui ai toute ma famille dans la Somme, la mer me manque. J'y vais à Noël. C'est pas pareil. En juillet et août, je vis en décalage. Je commence à 7 heures le matin. J'aime arriver réveillée. Comme j'habite loin, je me lève à 4 h tous les jours. Le soir, en sortant, je n'ai pas de courage. Un peu pour le jardinage, mais aucun pour aller danser ou faire la fête. Mon mari est agriculteur, il est suffisamment accaparé lui-même pour ne pas m'en faire le reproche. Il n'y a que pour les enfants que c'est compliqué. Pour moi, c'est comme s'ils étaient à l'école. La grande qui a 15 ans va au centre aéré. Les petits, on préfère les envoyer ailleurs, qu'ils profitent quoi, qu'ils rentrent bronzés. Moi, le soleil, je ne le cherche pas trop. Lorsqu'on travaille avec la clim à fond toute la journée, on ne le supporte plus. C'est comme les vacanciers, je les évite. Je les croise sur la route lorsque je reprends ma voiture le soir et que ça bouchonne.»
Micheline, 45 ans. «C'est mon unique travail de l'année, alors la lettre d'embauche de Bonduelle, je l'attends. En dehors de la conserverie, je n'ai pas d'emploi fixe. Femme et sans qualifica