La justice américaine ne lâche décidément pas le Crédit Lyonnais et l'Etat français. Selon le Wall Street Journal, le procureur Jeffrey Isaacs, qui conduit l'enquête sur le rachat par la banque française de la compagnie d'assurances Executive Life en 1991, soupçonne maintenant officiellement Bercy d'avoir trempé dans l'affaire.
Dans une note confidentielle envoyée à sa hiérarchie, le juge accuse le ministère de l'Economie, alors dirigé par Dominique Strauss-Kahn, d'avoir été au courant dès 1997 du caractère illégal de ce rachat grâce à un rapport rédigé par une inspectrice des Finances, Véronique Hespel. Et de ne pas avoir informé les autorités américaines avant l'ouverture officielle en 1999 d'une enquête pénale, se faisant de fait le complice de la fraude.
Risques pénaux. Bercy a réagi très vite à ces accusations par un bref communiqué: «Le ministère de l'Economie dément catégoriquement avoir couvert ou cherché à couvrir d'éventuelles fraudes relatives à la reprise de la compagnie Executive Life ou à les dissimuler à la justice. [Il] n'a jamais eu connaissance, avant l'enquête lancée par les autorités judiciaires et prudentielles américaines, des conditions précises de reprise de la compagnie Executive Life.»
Cette mise en cause du gouvernement français n'est pas complètement nouvelle. En mai, l'hebdomadaire britannique The Economist avait publié des documents montrant que le Trésor était au courant des risques pénaux concernant Executive Life depuis octobre 1997 (Libération