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Libération

«On nous jette comme du linge sale»

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Hier, une journée d'attente avec les employés de l'usine d'Alençon.
publié le 7 septembre 2001 à 0h45

Alençon (Orne), envoyé spécial.

«Putain, on est mal! C'est la catastrophe...» Il est 15 heures hier, devant les grilles de l'usine Moulinex d'Alençon. Jocelyne (trente ans chez Moulinex) vient d'appren dre l'interruption du comité central d'entreprise (CCE) à Paris. Toute la journée, le personnel de cette usine menacée de fermeture est resté suspendu aux informations venant de La Défense où se tenait le CCE. Ou plutôt aux rumeurs que distillent les portables des collègues, les radios, les télévisions. Et les rumeurs sont graves: «Je viens d'avoir un gars au téléphone qui me parle d'un dépôt de bilan éventuel.» L'information portée par un salarié vers 12 h 30 sème la consternation. Des fermetures d'usine, des suppressions d'emplois, on s'attendait à tout. Mais le dépôt de bilan? «Il n'en a jamais été question. Qu'est ce que c'est que ça?»

«Brouillard complet». Devant l'usine bloquée depuis la semaine dernière par un piquet de grève, il y a une centaine de personnes. Pendant cinq minutes, toutes sont sonnées par la nouvelle. Cinq grosses minutes qui durent des heures avant qu'un délégué syndical qui venait d'avoir un collègue à Paris se pointe et démente l'information. Bref soulagement avant que les collègues partis déjeuner ne reviennent avec les commentaires du journal télévisé de 13 heures. L'éventualité du dépôt de bilan a été évoquée sur les ondes. Et la rumeur reprend corps. Plus forte. «On va nous laisser comme ça. On va nous jeter, on va rien avoir», lâche un employé, ex