«Je prends le stress de plein fouet. Mais c'est un excellent moteur.» En trente ans de métier, Bernard, contrôleur aérien sur la base aéronautique de Villacoublay, a dirigé plus de 4 000 avions dans l'espace aérien français. Les avions militaires qu'il faut diriger dans une zone de combat pour des entraînements, comme les petits avions de tourisme égarés à cause d'une météo capricieuse et qu'il faut rapatrier vers un aéroport. «Dans ce métier, sans appréhension, on est fini. C'est un filet de sauvetage qui permet de se libérer quand on passe de l'état d'homme à l'état de pro qui dirige un avion.» Ses yeux s'allument comme s'allume son radar. Il met son casque, branche la radio, vérifie la «couleur» du terrain (météo, dégagement de la piste. Puis, quand il entend la voix du pilote, «une étape est franchie, comme s'il n'y avait plus de stress. La concentration prend le dessus». Veiller en permanence au dégagement des voies aériennes requiert une «vigilance de tous les instants». En 1986, un avion de combat qu'il dirige se crashe sans que le pilote ait le temps de s'éjecter. «L'horreur. Là, vous vivez avec des doutes parfois pires que la trouille. Est-ce que j'ai fait tout ce qu'il fallait? Quelle est ma part de responsabilité?» Et quand il lui arrive d'avoir peur, hors de question de le laisser paraître dans la voix. «Une fois, j'ai rapatrié un jeune aux manettes d'un petit avion. Il s'était fait surprendre par la météo. Complètement paumé, il paniquait. Il a fallu le rassurer
Interview
Bernard Tant, contrôleur aérien sur la base militaire de Villacoublay
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par Laure Noualhat
publié le 1er octobre 2001 à 1h08