«Seuls les paranoïaques survivront !» Pour Gilles Albouy, consultant chez Althes, société lilloise spécialisée dans la sécurité informatique, la paranoïa est une des clefs du succès. «Elle me protège dans mon travail. Je suis tellement obsédé par la possibilité d'une intrusion sur mon ordinateur que cela me rend beaucoup plus efficace.» Son métier consiste à dresser des murailles autour des systèmes d'information de grandes entreprises comme Leroy-Merlin, Kiabi ou Calberson... Objectif : protéger des données sensibles afin qu'elles ne tombent pas entre les mains de la concurrence. «Les données sont différemment sensibles chez les gens. Pour l'informaticien, "sa" donnée sensible sera le mot de passe de sa machine, pour le PDG, ça peut être les comptes rendus des conseils d'administration. Pour le comptable, ce sera le fichier des fiches de paie des salariés.»

Vivre sous tension avec la paranoïa dans le sang, n'est-ce pas épuisant ? «C'est contraignant. Il faut être rigoureux, passionné et compétent. Lorsque l'on embauche une nouvelle recrue, on passe six mois à jauger son potentiel de résistance. On recrute par cooptation, rarement sur CV.» A l'embauche, les futurs consultants signent des clauses de confidentialité très sévères. «Il ne faut jamais parler des clients avec les amis ou dans des lieux publics. Ni discuter de sa journée de travail avec son épouse. Ne jamais transporter de données sur son ordinateur portable, mais les stocker sur des serveurs accessibles depuis le b