Il y a moins d'un an, le Conseil d'analyse économique (CAE), l'organisme qui conseille le Premier ministre, publiait un rapport intitulé «Plein emploi» (1), soulevant un débat passionné. Son auteur, l'économiste Jean Pisani-Ferry, lui-même président délégué du CAE, alertait les pouvoirs publics sur les nouvelles contraintes du marché de l'emploi, et ouvrait des pistes qui permettraient d'aboutir, à l'horizon 2010, à la «société du plein emploi». Il exprimait notamment la nécessité de conserver une croissance soutenue en pratiquant une politique de l'offre, et d'établir de nouveaux moyens de politique publique pour combattre le chômage. Il avait notamment plaidé pour un mécanisme d'«impôt négatif», afin de faire revenir dans l'emploi les salariés les moins qualifiés. Ces deux propositions lui avaient valu les critiques d'une partie de la gauche. Aujourd'hui, alors que la conjoncture économique faiblit, il revient sur cet horizon dans un essai personnel intitulé la Bonne Aventure (2), dont l'ambition est d'inscrire la «société du plein emploi» au centre du projet politique de la gauche, à quelques mois des élections présidentielle et législatives. Entretien.
Vous intitulez votre livre «la Bonne Aventure». Mais n'êtes-vous pas à contretemps? La croissance faiblit. Sans dynamique économique, que devient la perspective du plein emploi?
Depuis quelques mois, et depuis quelques jours, l'horizon immédiat s'est assombri. Mais pas la perspective à cinq ou dix ans. Aucun pays n'a d'aille