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Libération

«Mon boss m'oblige à être son copain»

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Joël, 30 ans, maquettiste dans un journal régional, a passé une année enfermé dans un bureau avec le paria de l'entreprise.
publié le 1er octobre 2001 à 1h08

«C'est lui qui m'a choisi, j'étais content d'être embauché. Je comptais rester dans cette boîte un an, le temps de me faire une expérience en maquette. Le salaire était très faible, mais le boulot a priori sympa. Dans le bureau, nous étions seuls lui, l'ancien, et moi, le nouveau. Il fermait systématiquement la porte, pour ne pas gêner les autres avec Radio Nova toujours à fond. Nos rapports se sont très vite dégradés. Il voulait que je reste tous les soirs boire l'apéro. A 7000 F net, je ne voyais pas l'intérêt de traîner après l'heure. Il me confiait des détails sur sa vie privée que je trouvais embarrassants. Je ne me sentais pas concerné pas ses histoires de cul. Il ne comprenait pas que je ne veuille pas lui parler de moi. Mais que confier à un type qui vous déclare «pour moi y a que la baise, la drogue et le boulot qui comptent»? Au bout de quelques semaines, l'ambiance est devenue irrespirable. Quand je revenais de déjeuner, le bureau était fermé, personne ne pouvait me donner de clef, j'étais obligé de l'attendre comme un idiot ou d'enjamber la fenêtre. Son ton avec moi est devenu de plus en plus insultant. Avant d'arriver à des menaces chuchotées à l'oreille. Sa présence m'était devenue insupportable. Ses bruits de succion perpétuels me portaient sur les nerfs. J'ai lâché le morceau au cours d'une réunion. J'ai demandé à changer de bureau. Ma parole n'a pas été remise en cause, parce qu'il traitait mal les gens en général. Mais rien ne s'est produit. Sa chef venait