En deux semaines, des attentats aux Etats-Unis à l'explosion de l'usine AZF de Toulouse, les salariés ont découvert, ou redécouvert, le mot sécurité: le plan Vigipirate est passé en mode «renforcé», la surveillance des bâtiments sensibles s'est accrue, des cellules d'accueil psychologiques se sont montées dans des entreprises soumises au risque, pour dénouer les tensions, libérer le stress, effacer le traumatisme.
Réflexe vital. Travailler sous tension, c'est aujourd'hui le lot quotidien de milliers de salariés en France. Pour eux la sécurité n'a rien d'exceptionnel, c'est leur métier, une habitude, un réflexe vital. D'un univers de boulot à l'autre, cette contrainte est plus ou moins gérée par l'entreprise ou plus ou moins laissée à la charge de l'individu. Dans le nucléaire, l'industrie chimique ou pé trolière, la sécurité fait partie intégrante de la culture des entreprises. Les salariés y sont formés, entraînés, contrôlés en permanence, état d'alerte ou pas.
Aux antipodes, les convoyeurs de fonds, métier tragiquement célèbre, ne disposent que de deux semaines de formation; «après, on est sur le front», explique ce convoyeur à la Brinks. Quinze petits jours pour apprendre quelques rudiments de protection (jamais deux convoyeurs côte à côte) sans être forcément préparé psychologiquement aux ris ques du boulot. «Après une attaque, on nous propose un soutien psychologique. Mais voir un psy ne suffit pas quand vous vivez avec la peur dix heures par jour, reprend Jacques Charles