Genève de notre correspondant
La déroute de Swissair, jusque-là symbole de la qualité et du savoir-faire helvétique, prenait hier des allures de catastrophe nationale. Bilan de la journée: quelque 470 vols annulés, 39 000 passagers abandonnés à eux-mêmes dans les aéroports de la planète 19 000 avaient subi le même sort la veille , des passagers passant la nuit à Zurich dans des abris antiatomiques. Depuis deux jours, la compagnie aérienne n'a pas d'argent pour payer le kérosène nécessaire au fonctionnement de ses avions. Hagard, un touriste japonais démuni de vol de retour s'énervait: «Je croyais que ces choses-là n'arrivaient que dans des pays du Tiers-Monde.» Restait heureusement l'Armée du Salut, qui offrait aux passagers du pain, du chocolat et le gîte. Quant au cours de l'action de Swissair, il s'effondrait à 0,84 euro après avoir culminé en janvier à 177 euros. Soit, pour la compagnie, une valeur boursière inférieure au prix catalogue d'un Airbus A-320.
Pour éviter que la débâcle se prolonge, le gouvernement suisse a fait savoir hier soir qu'il injectait 450 millions de francs suisses (303 millions d'euros, 1,9 milliard de francs) afin que les avions de la compagnie puissent voler à nouveau dès aujourd'hui la compagnie a annoncé hier la reprise partielle et progressive de l'ensemble de ses vols. Il en va de l'image de la Suisse et des intérêts économiques du pays, a expliqué en substance Kaspar Villiger, le ministre des Finances, qui a déploré que «les banques [n'a