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Libération

La toute-puissance des marches en accusation

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Après Swissair, les Helvètes découvrent des vertus à la régulation politique.
publié le 5 octobre 2001 à 1h10

Genève de notre correspondant

Ironie: le politique tant décrié fait son retour dans un pays qui ne l'a jamais tenu en haute estime. La population suisse, qui se croyait douillettement protégée par un capitalisme qu'elle croyait social, a dû sérieusement déchanter avec l'affaire Swissair. En l'espace de trois jours, l'opinion publique a assisté, médusée, à la mort subite de ses certitudes et à l'agonie de sa compagnie aérienne frappée du drapeau national. Et a vu ses banquiers préférer clouer au sol les avions de Swissair plutôt que de payer la facture de kérosène, abandonnant, pêle-mêle, passagers au sol, actionnaires et employés, restant sourds aux appels du gouvernement et même du Parti radical, pourtant proche du milieu des affaires. La Suisse a vu son gouvernement notoirement faible contraint, mercredi, d'injecter 300 millions d'euros pour que les avions décollent. Quitte à se faire tancer par Bruxelles, où l'ambassadeur suisse était convoqué hier. «Nous nous inquiétons de voir le gouvernement fédéral disposé à fournir une aide sans informer ou consulter l'UE», s'est-il fait dire. Certes, jeudi, certains vols reprenaient, mais la colère, elle, n'est pas retombée. La Suisse n'arrive pas à digérer son humiliation.

Hier, 7 000 personnes ont encore défilé à berne pour dénoncer l'«incroyable arrogance» d'UBS (Union des banques suisses) et du Crédit suisse. Des centaines de clients y ont fermé leur compte. Et, à l'instar de la Tribune de Genève qui titrait sur ces «United Bandit