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Le «tout privé» en accusation

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Le cynisme des marchés a précipité sa chute.
publié le 8 octobre 2001 à 1h11

Il y a, a priori, bien peu de points communs entre la Railtrack anglaise et la Swissair helvète. La première était réputée pour ses accidents et ses retards, la seconde se vantait de sa ponctualité et de sa sécurité. Et pourtant, à l'annonce de la mise sous tutelle de la société chargée de l'infrastructure des chemins de fer britanniques, on ne peut s'empêcher de faire un rapprochement avec la débandade de la compagnie suisse la semaine dernière.

Dans les deux cas, ce sont deux grandes entreprises, presque des institutions, chacune dans leur pays, qui du jour au lendemain se trouvent en état de faillite. Incapable de payer son kérosène, la grande Swissair a vu ses avions clouer au sol la semaine dernière. Et ce n'est qu'avec l'aide de l'Etat, dans ce pays où le libéralisme est un dogme, que la Swissair a pu redécoller. Certes, les trains anglais vont continuer de rouler. Mais Railtrack n'existera plus sous sa forme actuelle. Et l'Etat, s'il ne renationalise pas totalement la société, devra se porter au secours de Railtrack. Donnant par là même un cinglant démenti à ceux qui plaidaient, en les privatisant, que les chemins de fer anglais seraient forcément mieux gérés.

Mais, au-delà du débat sur les qualités de gestion publique-privée, c'est encore une fois le cynisme des actionnaires et des marchés qui se trouve contesté. Entre les investissements nécessaires à la sécurité et les subsides versés aux actionnaires, Railtrack a souvent dû opter en faveur des seconds. Comme toute s