Avant, le constat était déjà sombre: sur fond d'unilatéralisme américain et d'un affaiblissement du rôle des Etats, les négociations multilatérales végétaient (du lancement d'un nouveau cycle de négociations de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, au protocole de Kyoto sur l'effet de serre), la crise économique globale menaçait, les frontières se fermaient un peu plus à l'immigration. Et, malgré le voeu pieux des Nations unies d'éradiquer «50 % de la pauvreté dans le monde d'ici à 2015», les inégalités se creusaient. Sous la pression des contestataires de «la mondialisation libérale», des chefs d'Etat et des oracles économistes, le reconnaissaient déjà: la mondialisation s'est forgée de façon inégale. Plus commerciale et financière que juridique et humaine.
Depuis le 11 septembre, les «global leaders» parlent plus que jamais «d'inflexion» nécessaire dans la marche du monde. D'un besoin de régulation, de politique de redistribution et d'ouverture démocratique. A l'instar du Parti socialiste ce week-end, ils redécouvrent «l'injustice» de la dette du tiers-monde, et plaident désormais, comme Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce, pour un nouveau round commercial «du développement». Passé l'indignation légitime, les attentats reposent les questions de tous les périls: la fracture Nord-Sud qui continue à se creuser, l'incompatibilité entre commerce et respect de l'environnement, la toute puissance des marchés qui écrase le politique et l'Etat... Cette réflexion pass