L'analyse de Jacques Freyssinet, directeur de l'Institut des recherches économiques et sociales (Ires).
«Même si le contrat à durée indéterminée (CDI) reste largement majoritaire, il est probable que le volume des CDD, intérim et temps partiel, environ 20 % de la main-d'oeuvre, ne va pas diminuer. Car la flexibilité est désormais jugée nécessaire par les entreprises, notamment en période de croissance. On remarque d'ailleurs que l'intérim s'est beaucoup développé en Europe dans les années 1997-2000.
«On assiste aussi à une montée des temps partiels courts avec des horaires asociaux, type caissière de supermarché. Une forme de travail que le Royaume-Uni et, dans une moindre mesure, l'Allemagne connaissent depuis longtemps. Quant à l'intérim et aux CDD, il faut distinguer ceux qui sont liés à un surcroît de travail temporaire et ceux qui sont devenus structurels, comme dans la sous-traitance. Dans cette économie du «just in time», ces travailleurs précaires sont particulièrement exposés: ils sont en effet au coeur de la recherche de rentabilité économique. L'intérim industriel, dont on fait parfois une utilisation scandaleuse, bat d'ailleurs tous les records d'accidents du travail et de maladies professionnelles.
«L'Union pourrait édicter des règles de non-discrimination pour l'intérim (salaire, formation, hygiène et sécurité), comme elle l'a fait sur les CDD et le temps partiel. Mais, pour l'instant, les négociations entre partenaires sociaux ont échoué. Les syn