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Interview

Cadences plus intenses, précarité accrue et santé affectée : Inquétude des salariés

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3: Hausse des salariés inquiets pour leur santé et constatant des troubles liés au travail.
publié le 15 octobre 2001 à 1h15
(mis à jour le 15 octobre 2001 à 1h15)

Analyse de Serge Volkoff, statisticien et ergonome, directeur du Creapt (Centre de recherches et d'études sur l'âge et les populations au travail).

«Les conclusions de l'étude européenne confirment celles d'autres enquêtes sur le même sujet. Les cadences trop élevées génèrent chez les salariés divers troubles de santé: fatigue ou nervosité, mais aussi douleurs dorsales ou cervicales (les pourcentages ci-contre grimpent à 46 % pour les problèmes de dos, 40 % pour le stress lorsque les salariés sont soumis à des cadences très élevées, ndlr).

«Comment expliquer qu'une même cause provoque autant de dégâts physiques et psychologiques? Disons que tout est lié. Si l'agression que représente pour l'organisme le fait d'être fréquemment sous pression génère du stress, elle a également des répercussions physiques. Des études ergonomiques montrent qu'une mobilisation forte et contrainte de l'attention déclenche une hypercontraction musculaire et des risques accrus de douleurs ostéo-articulaires. En Europe, 35 % des salariés se plaignent de douleurs musculaires au cou et aux épaules, 46 % de douleurs dorsales.

«Autre élément d'explication: soumis à des cadences plus élevées, les salariés ne disposent plus d'une marge de manoeuvre suffisante pour effectuer leur travail comme ils l'entendent, développer ce qu'on appelle une stratégie de préservation. Ils ne peuvent plus par exemple changer de posture, "souffler" un instant, anticiper sur des tâches à venir pour éviter les sit