L'analyse de Michel Gollac (1), chercheur au Centre d'études de l'emploi.
«Depuis la fin des années 80, on assiste partout en Europe à une accumulation des contraintes de temps dans le travail. Les organisations industrielles cherchent à devenir plus flexibles et à "coller" au marché, tandis que beaucoup d'activités commerciales ou de service adoptent les principes d'organisation industrielle. Ces contraintes industrielles se sont juxtaposées aux contraintes marchandes. Il s'agit là d'une tendance durable: de plus en plus d'employés et de cadres sont tenus de respecter des normes de production et des délais stricts. Les ouvriers et techniciens doivent de plus en plus répondre en urgence à la demande des clients.
«Le nombre de salariés soumis à cette intensification ne cesse d'augmenter: plus d'un sur deux s'en plaint en Europe. Deux sur cinq estiment ne pas avoir assez de temps pour réaliser leur travail. Les deux tiers voient leur rythme de travail dépendre des variations de la demande. Si, dans l'industrie, le poids de l'automatisation semble s'infléchir, en revanche, la dépendance au rythme de travail des collègues s'accroît.
«L'intensité que les salariés déclarent ressentir (fréquence des cadences jugées élevées, des délais jugés serrés, sentiment de manquer de temps) varie fortement selon les situations de travail. Le sentiment que les cadences sont élevées est engendré par les organisations industrielles rigides. Le sentiment de manquer de temps est fréqu