Menu
Libération
Interview

«La destructuration du social»

Article réservé aux abonnés
Selon le sociologue Pierre-Eric Tixier, les entreprises, face à la mondialisation, doivent articuler économique, social et écologie.
publié le 15 octobre 2001 à 1h15

Chaque année, l'association Entreprise et personnel, qui regroupe 165 entreprises de grande taille, publie une importante note de prévision du climat social. Cette année, le rapport, intitulé «Sous la menace des ruptures», a créé la surprise. Entretien avec le sociologue Pierre-Eric Tixier, coauteur avec Jean Dubois de cette note (1).

Vous annoncez des dangers de «ruptures» sociales. C'est un mot fort. Qu'est-ce qui amène à cette conclusion assez alarmiste? Quand nous avons commencé à travailler en avril-mai, on croyait encore, en France, à une forte croissance. C'est alors qu'ont éclaté un certain nombre d'affaires: Danone, Marks & Spencer, AOM-Air Liberté. Les inquiétudes étaient de retour dans notre société, alors que peu de temps auparavant on croyait revivre la «belle époque». Ces conflits nous posaient une question centrale: vers quelle société allons-nous? Fin août, la menace de rupture est apparue clairement, avec la baisse affirmée de l'activité économique, notamment aux Etats-Unis. Elle fait apparaître une lacune en France qui existe depuis 1995: l'insuffisance d'espace de dialogue et de négociation efficace entre les partenaires sociaux et l'Etat. En 1995, on s'était pourtant fait une grande peur lors des mouvements de novembre et de décembre. Mais le retour de la croissance avait escamoté le problème. On a ainsi évité de regarder ce qu'il y a dans la boîte noire du social.

Qu'y trouve-t-on?

D'abord, les effets de la mondialisation. On s'aperçoit qu'on ne peut pas bl