Il y a ceux qui relèvent leurs e-mails les week-ends et en vacances, pour ne pas crouler sous le nombre. Et ceux qui ont renoncé à leur téléphone portable personnel, puisqu'ils sont sûrs d'être joints sur le portable professionnel... Depuis que les employeurs distribuent généreusement ces outils de travail «nomades», il est de plus en plus difficile aux salariés de débrancher. Les frontières de la vie professionnelle s'amenuisent. De fait, pour Jean-Emmanuel Ray, professeur de droit à Paris-I, les technologies de l'information mettent le contrat de travail salarié en péril. Un «droit à la déconnexion» entrera-t-il un jour dans le code du travail? Juristes et syndicalistes se penchent aujourd'hui à Paris, sur ces «nouvelles formes de subordination» (1). Interview.
Vous voulez vraiment faire entrer le «droit à la déconnexion» dans le code du travail?
Il est urgent de rétablir des garde-fous contre la pression diffuse que subissent des quantités de salariés connectés. Les cadres disent tous: «Au bureau je réagis; dans les transports, je téléphone; et chez moi je bosse enfin tranquillement.» Pour un juriste, ce genre de témoignage est consternant. Il remet tout bonnement en question la vie sociale, citoyenne et familiale. En permettant une délocalisation géographique et surtout temporelle du travail, les technologies de l'information ont créé une forme d'astreinte généralisée. Or le droit au repos est un droit fondamental. Encore faut-il s'accorder sur ce terme qui n'est défini nu