Londres de notre correspondant
Des temps anciens, il ne subsiste qu'une cloche saisie sur une frégate française, la Lutine, à la fin du dix-huitième siècle. Avant d'être remplacée par les ordinateurs en 1979, elle retentissait à chaque fois qu'un navire, attendu à bon port, prenait du retard. A son signal, les garants du bateau ou de sa marchandise s'empressaient de se réassurer par crainte d'un naufrage. Le 13 septembre, les Lloyd's, le grand marché londonien de l'assurance, a entendu à nouveau son tintement aigu. La Lutine, cette fois, sonnait le glas autant que le tocsin. Le personnel rendait hommage aux victimes des attentats commis deux jours plus tôt à New York et à Washington. «Nous ne sommes pas là pour débattre des pertes qui nous affectent, mais pour saluer collègues, proches et amis qui ont disparu», a tenu à rappeler le président Saxon Riley. Car, pour les 3 000 courtiers, agents et souscripteurs, massés dans l'immeuble de Lime Street, la cloche annonçait bien d'autres désastres.
Solvabilité. En trois cents ans d'histoire, les assureurs londoniens n'ont jamais été confrontés à un sinistre d'une telle ampleur. Entre les dédommagements dûs aux compagnies aériennes et ceux liés aux tours du World Trade Center, les Lloyd's s'attendent à payer 1,3 milliard de livres sterling (plus de 2 milliards d'euros). Soit bien plus que le précédent record de 929 millions de livres déboursés après l'ouragan Hugo en 1989. Selon la plupart des analystes, la facture finale pourrait mêm