Alençon envoyé spécial
Hier après-midi à 15 h 48, Claude Renault, délégué CFDT de Moulinex à Alençon, entouré par près de 500 employés suspendus à ses lèvres, annonce la nouvelle: «La solution retenue par le tribunal est celle du repreneur SEB!» Aussitôt des huées et des sifflets brisent un lourd silence. Claude Renault poursuit: «Nous ne nous laisserons pas faire. SEB n'a rien payé pour Moulinex, SEB doit faire un effort. Nous n'accepterons jamais d'avoir été assassinés en quelques semaines. Il faut rester ensemble sur Alençon pour continuer l'occupation de l'usine et les obliger à discuter des mesures sociales et à améliorer leurs propositions.» Mais le leader syndical a beau y mettre toute son énergie, la page est tournée et le sentiment qui domine est un mélange d'écoeurement et de résignation.
«La faute aux banques». «Cela fait mal aux tripes, dit Solange, 46 ans et trente années de travail sur le site. C'est dégueulasse de se faire bouffer comme cela. Les banques ont gagné, c'est de leur faute. Et, puisque les banques sont les maîtres, on votera pour elles aux prochaines élections!» Pour le site d'Alençon (Orne), hormis la liquidation, le choix de SEB, qui ne doit conserver qu'environ 150 salariés sur les 1 000 que compte l'usine, est, en effet, le pire qui pouvait arriver.
«Même si on s'en doutait, on gardait un petit espoir, confie Renée. Avec Fidei (société foncière candidate à la reprise ndlr), il y aurait eu davantage d'emplois sauvés, mais ils ont choisi de rayer Mo