Dominique Biedermann est directeur d'Ethos, un fonds d'investissement éthique suisse. Créée en 1997, la Fondation Ethos est actionnaire de 125 entreprises et gère plus de 600 millions d'euros d'investissement (environ quatre milliards de francs). Dominique Biedermann explique pourquoi Ethos n'a pas investi dans le capital de Swissair.
La Fondation Ethos a-t-elle été intéressée par l'achat d'actions de Swissair?
Nous n'avons jamais été actionnaires de Swissair. Pour nous qui gérons des retraites par capitalisation, le critère le plus déterminant pour investir dans le capital d'une entreprise est sa durabilité financière. Si, après une série d'analyses, nous avons la certitude qu'une entreprise est financièrement pérenne, alors nous lui faisons passer deux autres examens: celui du social et de l'environnement. Pour Swissair, nous nous sommes adressés aux analystes financiers de notre banque conseil. A l'époque, en 1997, ces derniers ont été formels: Swissair ne répond pas à vos exigences financières.
Selon vos critères, Swissair avait donc une structure financière fragile...
Swissair montrait surtout une déficience en terme de gouvernance. A l'instar de toute grande entreprise, le centre névralgique de Swissair était composé des actionnaires bien sûr, mais surtout du conseil d'administration et de la direction générale. Chacun était censé jouer un rôle: le conseil d'administration devait fixer la stratégie industrielle à long terme et surveiller la direction générale. Or nous avon