Toulouse, envoyée spéciale.
Un peu plus d'un mois après l'accident qui a rasé une grande partie de l'usine AZF de Toulouse, les ouvriers ont repris le travail. Le traumatisme de l'accident est loin d'être oublié. Mais les salariés du pôle chimique ont avant tout peur de l'avenir. Ils craignent que la catastrophe ne soit un prétexte pour les rayer définitivement du paysage toulousain. «Au fond, plus personne ne veut de nous ici, lâche l'un d'entre eux. On pue, on est des dinosaures et les gens ne comprennent pas ce qu'on fabrique. Aujourd'hui, on ne veut plus que des ouvriers en gants blancs, dans des industries high-tech, avec des noms anglais.» Ils sont passés à côté de la mort physique mais c'est la mort sociale qui les effraie.
La catastrophe
Jacques Mignard a plus de trente ans d'ancienneté et s'occupe de la formation à la sécurité chez AZF. Dans l'accident, deux de ses collègues sont morts, leurs bureaux se trouvaient juste à côté du hangar d'engrais qui a explosé. Trois minutes avant le drame, il avait été appelé à l'autre bout de l'usine, «j'ai sauvé ma peau comme ça». D'autres aussi se sentent miraculés. Une cafetière un peu lente a retardé Michel qui devait se rendre au «221» ce matin-là, le bâtiment d'où est partie l'explosion. Il a malgré tout été blessé: de multiples cicatrices sur le crâne à cause des éclats de verre. Philippe vérifiait des installations. «Quand j'ai entendu le boum, j'ai cru que c'était moi qui avais fait tout péter. Je me suis caché, j'ai cherché