Il doit être écrit quelque part que la vieille régie Renault a grandi avec des gènes japonais. Alors que l'architecte nippon Tadao Ando vient d'être choisi par François Pinault pour construire sa fondation d'art moderne en lieu et place de l'emblématique île Seguin, berceau historique de Renault, voilà que le constructeur japonais Nissan entre dans le capital du constructeur français. Attendues depuis quelques jours, ces noces capitalistiques devaient être officiellement célébrées tôt ce matin. Même si Renault devait confirmer sa montée dans le capital de Nissan (il en détenait jusqu'alors 36,8 %), la prise de participation du japonais chez le français marque bien un tournant. Les deux constructeurs ont maintenant scellé leur destin. Pour le meilleur et pour le pire.
Renault dans un trou d'air. Mais chez Renault, on ne sortira ni cotillons ni bouteilles de champagne pour fêter l'événement. «Le moral n'est pas bon. On n'a plus la même pêche qu'il y a deux ans», assure un ingénieur. Ce que confirme un vieux syndicaliste maison: «Les plus vieux résistent mieux que les jeunes. Nous on en a vu d'autres, et on a appris depuis le temps à relativiser ces passages à vide», explique-t-il. Le cons tructeur français traverse un violent trou d'air qui a pris toute l'entreprise par surprise. Si bien que Renault risque de terminer son année ric-rac, très loin de l'objectif de marge opérationnelle de 4 % annoncé, en début d'année 2001. Par comparaison, Nissan, que l'on disait moribond il y a