Solidarité ou récupération? Après les attentats du 11 septembre, nombre d'entreprises ont annoncé ­ à grand renfort de communiqués de presse ­ des donations pour les victimes. EADS (le géant européen de l'aéronautique et de la défense) a ainsi offert 2 millions de dollars (2,2 millions d'euros), avec ce petit mot: «En ces temps de chagrin sans précédent et de défi aux valeurs que nous partageons et chérissons, nous voulons montrer notre solidarité avec tous ceux qui ont souffert et qui souffrent encore en raison de cette attaque cruelle et impitoyable.» Le groupe pharmaceutique Aventis se fendait d'un million de dollars pour la Croix-Rouge américaine, pendant que le géant allemand des médias Bertelsmann annonçait le versement de 2 millions de dollars aux familles de pompiers et policiers portés disparus, «un geste d'assistance et de compassion», précisait son patron Thomas Middelhoff. Mais la palme revient sans doute à Vivendi Universal et son PDG Jean-Marie Messier, qui ne s'est pas contenté de livrer ses émotions dans le journal de 20 heures de France 2, au lendemain des attentats. Dans une interview téléphonique à RTL, depuis son bureau de Manhattan ­ où il habite désormais ­, il a incité ses 5 000 salariés de New York à «donner leur sang» et a accordé «des jours de congé à ceux qui se joignent aux bataillons de volontaires». Sa filiale SFR n'a pas été en reste, faisant passer ce petit «texto» (texte affiché sur l'écran du portable) à ses clients: «En geste de solidarité