Moussey (Moselle)
envoyée spéciale
Dès 7 heures, hier matin, la rumeur a couru tous les ateliers de Bata-Hellocourt: «Si on ne les relâche pas, on n'est pas payés en octobre.» Depuis la veille, le personnel de l'usine «retient», contre leur gré et dans leur bureau, Antonius Van Es, le directeur du site, et Jean-Marie Legendre, le directeur des ressources humaines: l'intersyndicale CFDT-CGT-CGC veut négocier avec Bata les conditions du plan social, sans attendre que les propositions de reprise soient examinées, le 19 novembre, par le tribunal de Metz.
Feu. Les deux hommes ont passé la nuit de lundi à mardi dans le fauteuil de leur bureau. Au petit matin, ils ont fait savoir que les salaires d'octobre ne seraient pas versés tant qu'ils resteraient séquestrés. «Chantage!», ont protesté les Bata. Qui se sont mis en grève et ont jeté par les fenêtres quelques vieilles chaises et des meubles hors d'usage. Dans la cour de l'usine, ils ont allumé un grand feu, brûlant des formes de chaussures, de vieilles semelles, des tiges non montées. «Mais rien qui nous empêche de travailler. On n'a pas détruit l'outil de travail. Enfin, pas encore», précisent les grévistes. Et quand le feu s'emballe, menaçant un bâtiment qui abrite des produits inflammables, ils s'en vont chercher une benne de sable pour éviter la progression du brasier: «L'objectif, ce n'est pas de faire sauter la baraque», assure Evelyne Caro, déléguée CGT.
Après la colère, la lassitude. Depuis cinq mois, les Bata ont tout essayé