L'affaire Marks & Spencer touche presque à sa fin. «Presque», car le projet de reprise présenté le 16 octobre par les Galeries Lafayette est encore suspendu à l'accord du comité central d'entreprise (CCE) de Marks & Spencer. Les syndicats sont ainsi confrontés à un dilemme inédit: accepter la reprise, et donc une baisse des salaires car la grille salariale des Galeries et de ses alliés (H & M, Fnac, Virgin) est d'environ 10 % plus basse. Ou bien refuser le projet, ce qui entraînerait le licenciement des 1500 salariés. Un dilemme à régler au plus vite puisque l'offre des Galeries n'est valable que jusqu'au 30 novembre.
Légalement, le CCE de Marks & Spencer n'a pas de droit de veto sur le changement de propriétaire; il ne devrait avoir qu'un avis consultatif. Mais si les Galeries Lafayette ont décidé d'associer les syndicats à leur projet, c'est parce qu'elles y voient un avantage appréciable: le CCE, qui s'apprêtait à faire face à un plan social, pourra difficilement refuser le reclassement total du personnel promis par les repreneurs. Mais c'est aussi une façon d'associer le personnel à la politique de l'entreprise. Comme tend à le faire la loi de modernisation sociale en discussion au Parlement: un de ses articles prévoit en effet que le CE disposera d'«un droit d'opposition sur le projet des restructurations de l'entreprise pouvant comporter des effets sur l'emploi»; il pourra en conséquence «formuler des propositions alternatives au projet présenté par le chef d'entreprise