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Libération

Mickey, un petit personnel mené à la baguette

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publié le 5 novembre 2001 à 1h31

Quelle chance, pour les 10 500 cast members (salariés) d'Eurodisney, de travailler dans l'ambiance magique du plus grand parc d'attractions européen! Cela dit, mieux vaut ne pas y être syndicaliste ou y participer à une grève, sous peine d'être au mieux humilié, au pire licencié. Au-delà du rêve, un documentaire utile de Daniel Kupferstein (1), fait le bilan de l'importation en France du modèle social Disney, neuf ans après l'ouverture du parc.

Où l'on apprend que le père fondateur, Walt Disney, a toujours pratiqué l'antisyndicalisme comme mode de gestion de son personnel, usant de pressions et d'intimidations pour que la réalité sociale ne vienne jamais gripper la belle machine à rêves. Surveillés, menacés, poursuivis en justice, les syndicalistes d'Eurodisney ont tenu à raconter l'envers du décor face à la caméra: les contraintes physiques (pas de barbe) ou vestimentaires (chaussettes noires pour tout le monde, même en cuisine), la flexibilité des horaires, les mauvaises conditions de logement des saisonniers... Et les conséquences sur la vie privée: «Au Prozac pendant un an», se rappelle un ex-cadre, «l'impression d'être une criminelle», témoigne Rolande, une syndicaliste accusée à tort de vol avant d'être relaxée en appel. Le tout avec la bénédiction des pouvoirs publics qui, au motif qu'Eurodisney crée des emplois (même précaires), n'interviennent pas dans la gestion sociale du géant des loisirs. Bref, un film édifiant sur le dialogue social chez Mickey. A voir avant d'y