Le mardi 30 octobre, l'un des derniers symboles du capitalisme à la française est tombé: Renault devient une entreprise comme les autres. Le constructeur automobile japonais Nissan, dont Renault détenait 36,8 % depuis mars 1999, entre maintenant au capital de l'ex-Régie. Dans la foulée, l'Etat décide de baisser sa participation de 44,2 % à 25 %, tandis que Renault consolide son emprise sur son partenaire japonais en détenant 44,4 % de son capital. Récit d'un an et demi de tractations secrètes entre Renault, Nissan et, bien sûr, le gouvernement.
Nouveau rapport de force
Bercy, 18 juillet 2000. «Bonjour jeune homme», dit Louis Schweitzer, le PDG de Renault, en entrant dans le bureau de Mathieu Pigasse, le directeur adjoint de cabinet de Laurent Fabius, en charge des questions micro-économiques. De sa mallette, le patron de Renault sort trois pages volantes dactylographiées. Et résume son plan, baptisé Metis. Schweitzer explique à son interlocuteur qu'il est urgent de bouger, car le rapport de force entre Renault et Nissan risque demain de basculer en faveur du japonais. Un premier accord avait été scellé en 1999. Le contrat de mariage était clair: même si le Français prend le contrôle du japonais (avec 36,8 % du capital), il est prévu que Nissan puisse un jour prendre lui aussi une petite participation chez Renault. Mais ni montant ni calendrier ne sont précisés. La priorité des priorités reste la remise sur pied de Nissan.
Très vite, Louis Schweitzer s'aperçoit que le nouveau gr