Doha (Qatar), envoyés spéciaux.
La longue marche touche à sa fin. Après quinze ans d'âpres tractations, les portes de l'OMC s'ouvrent à la Chine, qui s'ouvre elle-même un peu plus économiquement. C'est en effet aujourd'hui, à Doha (Qatar), que Pékin signera un millefeuille de 900 pages, truffé de détails juridiques. «C'est le dernier passage de témoin dans sa course de relais vers l'économie de marché», jubile un responsable de l'organisation commerciale, qui compte déjà 142 membres. Pékin aura ensuite trente jours pour ratifier les accords avant de devenir membre à part entière de l'institution commerciale.
«Bordéliques». L'arrivée d'un pays qui pèse humainement plus de 20 % de la planète risque de bouleverser l'équilibre déjà fragilisé d'un pilier de la mondialisation en quête de cohérence. «Les discussions risquent d'être encore plus bordéliques», note un membre de la délégation européenne. «Les pays riches ne pourront plus fixer leur ordre du jour comme ils l'entendent», ajoute un délégué asiatique. Dans les coulisses de la conférence, la Chine fait parler. Et beaucoup fantasmer.
Invitée au grand bal de la mondialisation, la Chine devrait rejoindre le rang des «démocraties balbutiantes», assurent ainsi les Occidentaux. C'est l'argument de Pascal Lamy, commissaire européen au Commerce. Son leitmotiv: la libéralisation pousse à la liberté, l'ouverture économique favorise l'ouverture politique. «C'est tout vu: seule la pression extérieure pourra pousser la Chine vers de réels