Doha envoyés spéciaux
Il a un énorme dossier sous le bras et des paroles qu'il pèse. «L'Europe nous parle de normes sociales, nous demande de lier commerce et environnement, plaide pour une régulation de la mondialisation...» Exaspéré, ce négociateur malais cherche ses mots, puis lâche: «Cette générosité européenne, c'est du vent!» L'Europe savait qu'elle allait devoir multiplier les contorsions pour faire entendre, à Doha, son «modèle agricole». Mais elle ne pensait pas se retrouver ainsi sur le banc des accusés. Avec, en face, des procureurs qui se bousculent à la barre. «On va régler le compte à l'Europe», assure un négociateur dominicain. «Sa position est intenable, ajoute un Argentin. L'Europe est prise au piège, prisonnière de ses subventions à l'exportation et du maintien de ses barrières douanières.» Les subventions à l'exportation? «C'est très simple, explique un Mexicain. Alors qu'une tonne de sucre lui revient à 600 euros contre 200 euros pour nous, elle peut, par le biais de son dumping, la proposer à 180 euros sur le marché international.» Les barrières douanières? Ce serait encore plus simple. «L'Europe nous a poussés à ouvrir nos frontières pour écouler ses produits à coup de dumping, brocarde encore le négociateur malais. Et elle continue de protéger son marché agricole.» Jusqu'à 300% de taxes sur des produits comme le lait ou les céréales.
«Dumping». L'Europe est piégée. Ecartelée dans ses contradictions, dans sa volonté de ménager la chèvre et le choux. Un ex