Jean Laurent est un homme pudique, pas du genre à exposer ses sentiments au premier venu. Mais aujourd'hui, le directeur général de la Caisse nationale du Crédit agricole n'arrive pas à cacher son inquiétude. Il vit un des moments les plus importants de sa carrière professionnelle: la mise en Bourse de «sa» banque, celle où il a fait toute sa carrière et qu'il dirige depuis deux ans. A priori, le processus, lancé l'été dernier, doit aboutir à une cotation de la banque verte dans tout juste un mois. Toutes les étapes sont franchies les unes après les autres: après la publication d'un document de référence visé par la Commission des opérations de bourse (COB), la banque a commencé hier sa campagne institutionnelle dans les journaux. La publicité vante «le bon sens» (paysan, naturellement) et «l'imagination» de la banque avec l'image d'une maison juchée dans un arbre. Un symbole très ésotérique...
Mais Jean Laurent qui, lui heureusement, reste les pieds sur terre, sait que jusqu'au dernier moment, rien n'est acquis. Particulièrement dans le contexte boursier actuel. Il suffit d'une journée de panique sur les marchés financiers, comme lundi lors du crash de l'Airbus A300 à New York, pour que le compte à rebours soit annulé. Une catastrophe pour le patron du Crédit agricole, pour qui la cotation est un peu «son bébé». C'est en effet Jean Laurent qui a monté le projet avec une petite équipe avant de décider de lancer la mécanique au début de l'été (Libération du 6 juillet 2001) en